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Résultats réels Vol. 3

Juillet 2021

La recherche innovatrice pour protéger
les droits relatifs à la vie privée

Vos appareils vous surveillent…

Malgré le fait qu’ils soient pratiques et qu’ils nous permettent de mieux contrôler notre environnement, les dispositifs connectés agissent également comme des sentinelles de surveillance silencieuse, recueillant des tonnes de renseignements à notre sujet – un trésor virtuel de données personnelles sensibles.


Vue aérienne de six personnes autour d'une table consultant leur tablettes électroniques et portables.

C’est une journée comme une autre. En rentrant du travail, vous remarquez qu’il fait froid dehors, alors vous réglez votre thermostat intelligent à l’aide de l’application installée sur votre téléphone. Une fois arrivé à la maison, vous déverrouillez la porte d’entrée à l’aide d’un système d’identification par empreintes digitales, puis vous désarmez l’alarme de la maison au moyen d’un dispositif de reconnaissance faciale. Une fois dans l’entrée de la maison, vous saisissez votre tablette pour allumer les lumières de la cuisine et de la chambre. Alors que vous vous dirigez vers votre chambre à coucher pour enfiler votre tenue de course, vous demandez à Alexa de faire jouer de la musique. Avant de partir courir, vous vérifiez votre moniteur d’activité physique personnel pour connaître la distance que vous avez parcourue il y a deux jours. De retour à la maison, vous enlevez vos chaussures de course, vous vous installez sur le canapé et vous allumez votre téléviseur intelligent.

Pendant tout ce temps, le plus souvent à votre insu, chacun de ces appareils recueillait silencieusement et furtivement des renseignements à votre sujet, les analysait et les communiquait à d’innombrables entités. Tel un robinet d’où s’écoulerait un flot stable, mais invisible, ces données personnelles étaient transmises à des entreprises susceptibles d’essayer de vous vendre de nouveaux produits ou de communiquer vos données à des sociétés d’études de marché et d’exploration de données qui souhaitent en savoir plus sur vous – ce que vous regardez et où vous allez – somme toute des renseignements considérés comme très précieux sur le marché du renseignement.

Cette nouvelle génération d’appareils connectés comprend maintenant des caméras, des microphones, des capteurs, des ordinateurs et un accès réseau à des produits que nous ne considérons même pas comme compatibles avec Internet. Ils sont si profondément ancrés dans notre environnement qu’ils se fondent dans le paysage virtuel. Non seulement à la maison, mais aussi dans les espaces publics, où les nouvelles technologies d’infrastructure liées aux « villes intelligentes » permettent de recueillir des renseignements sur nous à partir de voitures et d’appareils mobiles, y compris des renseignements sur nos déplacements dans la ville.

Dans le but d’approfondir le sujet de la protection des données, du consentement valable et des appareils connectés, la British Columbia Freedom of Information and Privacy Association (BC FIPA) (site en anglais seulement) s’est associée à la Vancouver Design Nerds Society (VDNS) (site en anglais seulement) pour organiser une séance de conception avec le soutien financier du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada.

Trouver des solutions ingénieuses

Organisé par Sarah Hay et Jesi Carson, chargées de projet à la VDNS, avec la rétroaction et l’orientation continues de Bryan Short, Joyce Yan et Jason Woywada de la BC FIPA, le rassemblement de deux jours a permis de réunir de nombreux experts, défenseurs et militants de la protection de la vie privée issus du monde universitaire, de la société civile, du gouvernement et de l’industrie – afin de trouver des solutions ingénieuses au moyen d’une approche collaborative et interdisciplinaire. L’objectif du rassemblement était de repenser les modèles de consentement pour atténuer les répercussions négatives des technologies « intelligentes » sur notre vie privée.

Le cadre et la méthode utilisés par VDNS pendant la séance de conception sont fondés sur le processus de conception « double diamant » mis au point par le Design Council du Royaume-Uni. Ce processus de conception consiste à explorer un problème en profondeur (pensée divergente), puis à prendre des mesures ciblées (pensée convergente). La VDNS a également créé un concept de séance de conception « ouverte », qui permet aux participants de présenter des idées qui servent de point de départ aux équipes qui se forment à cette occasion.

« Ce fut une expérience et une occasion nous permettant d’imaginer ensemble des solutions et des changements à apporter aux systèmes », explique Sarah Hay, codirectrice de la VDNS. « Nous avons constaté que cette démarche allait nécessiter une confiance à toute épreuve, mais compte tenu de l’expertise des participants inscrits, cela nous semblait être la bonne chose à faire et ce fut le cas. »

Concepts et prototypes pour protéger la confidentialité des données

Les équipes se sont concentrées sur les appareils connectés utilisés dans la vie de tous les jours (comme les technologies à porter sur soi et celles que l’on retrouve dans les maisons et les villes « intelligentes »), ainsi que sur la capacité relativement récente de ces appareils à recueillir des ensembles d’une très grande quantité de données – mieux connus sous le nom de « mégadonnées ». La formule de la séance de conception de deux jours a permis aux participants de former des équipes et d’examiner en profondeur les problèmes qu’ils avaient choisi d’aborder. Cette recherche initiale a fini par influencer les concepts proposés.

Par exemple, une équipe a proposé d’élaborer des « règles visant à protéger la vie privée » pour recevoir des invités, y compris la mise au point d’un dispositif qui peut être placé sur des haut-parleurs intelligents comme Alexa pour les empêcher de recueillir des données sur les invités. Il s’agit d’une solution qui fonctionne sur le plan technique et qui fournit aussi un indice visuel rappelant aux invités que leur hôte se soucie de leur vie privée.

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« Il semble y avoir un consensus sur la nécessité de mettre à jour la politique canadienne. Nous espérons voir un renforcement du contrôle réglementaire exercé sur les entités qui recueillent des données et l’octroi de plus de droits aux citoyens ».

Une autre équipe a proposé la conception d’une « boîte à outils » à l’intention des travailleurs syndiqués afin de permettre à ceux‑ci de procéder à une autoévaluation de leurs connaissances en matière de protection de la vie privée et de mieux connaître les questions liées à la protection des données au travail, en vue d’amorcer des changements positifs au moyen de processus de négociation collective ou de règlement des griefs déjà établis.

Ces solutions ainsi que d’autres « prototypes » qui ont vu le jour au terme de la deuxième journée de la séance présentaient diverses manières d’aborder le consentement valable. Toutefois, ils avaient tous pour point commun d’accorder la priorité au fait de donner aux gens les outils dont ils ont besoin pour prendre le contrôle de leurs renseignements personnels. Même si certaines propositions de conception doivent faire l’objet de recherches supplémentaires et être peaufinées, certains concepts sont prêts à être mis à l’essai par les utilisateurs. L’équipe de recherche a produit un rapport définitif qui résume le processus entourant la séance de conception, ses recommandations et les propositions de prototypes.

Comme il est indiqué dans le rapport, l’équipe s’entend pour dire qu’il reste beaucoup à faire dans l’ensemble de la société canadienne en ce qui a trait à la protection des données : « Il semble y avoir un consensus sur la nécessité de mettre à jour la politique canadienne. Nous espérons voir un renforcement du contrôle réglementaire exercé sur les entités qui recueillent des données et l’octroi de plus de droits aux citoyens. [...] nos systèmes d’éducation doivent permettre aux enfants et aux jeunes de s’informer sur les problèmes liés à la confidentialité des données et de s’y préparer; les entreprises doivent être soumises à des règles et les nouveaux produits doivent être examinés plus attentivement avant leur lancement […] pour atténuer les répercussions sur le public; les employés des secteurs public et privé doivent être sensibilisés à cet égard et en mesure de protéger la confidentialité des données; et les règles visant à protéger la vie privée fondées sur les droits doivent être ancrées au cœur même de notre culture, à commencer par celle qui existe à la maison. »

Un processus de transformation

Tout en sachant qu’il reste encore du travail à faire, notamment en ce qui concerne la collaboration directe avec les principaux groupes d’utilisateurs et les collectivités touchées, Jason Woywada, de la BC FIPA, a estimé que le processus de « réflexion conceptuelle » était « transformateur ».

« J’ai été heureux de constater que la réflexion conceptuelle a été appliquée au concept de consentement », affirme M. Woywada. « La pensée critique et analytique est la méthode la plus utilisée pour l’élaboration des lois et des politiques. Or, l’Organisation de coopération et de développement économique a souvent souligné l’importance de la réflexion conceptuelle pour créer des politiques novatrices et adaptées aux besoins des gouvernements, qui règlent les problèmes émergents et abandonnent le statu quo. La réflexion conceptuelle peut être un processus très transformateur qui permet aux participants de remettre en question des pensées enracinées, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles façons de résoudre des problèmes. »

Selon M. Woywada, le projet n’est pas la dernière étape des travaux de la BC FIPA sur le consentement valable et les sociétés connectées. Ce projet servira plutôt « de point de départ pour les recherches et les événements à venir qui permettront de résoudre ces problèmes complexes au moyen de solutions simples ».

La BC FIPA étudie déjà la possibilité d’organiser une autre séance de conception, mais cette fois avec des consommateurs ordinaires de divers milieux.

« La formule de la séance de conception que nous avons utilisée peut être adaptée soit à un échantillon représentatif du grand public, soit à un public cible prédéfini », affirme M. Woywada. « En proposant un problème initial et un processus de réflexion semblables, les résultats pourraient fournir des renseignements utiles sur la façon dont le public aborde les questions relatives au consentement dans un contexte moderne. »



Pour en savoir plus

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En quoi consiste le processus de conception « double diamant »?

Trois ampoules blanches et une brillante jaune

La Vancouver Design Nerds Society, qui s’est associée à la BC FIPA pour organiser la séance de conception sur les appareils connectés, s’est appuyée sur le cadre d’innovation du UK Design Council (lien en anglais seulement) pour structurer l’événement. Ce cadre a été créé pour permettre aux concepteurs et aux personnes qui ne le sont pas de s’attaquer à certains des problèmes sociaux, économiques et environnementaux les plus complexes au monde, en permettant aux organisations de transformer la façon dont elles mettent au point et fournissent leurs services. Dans le processus de conception « double diamant » (lien en anglais seulement) du Design Council, les deux diamants représentent un processus qui permet d’explorer un problème en profondeur (pensée divergente), puis de prendre des mesures ciblées (pensée convergente) dans le but de résoudre le problème dont il est question.

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Avertissement : Le Programme des contributions du Commissariat finance des projets de recherche indépendants sur la protection de la vie privée et des initiatives d'application des connaissances. Les opinions exprimées par les experts dans la présente publication ne reflètent pas nécessairement celles du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada.

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