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Résultats réels Vol. 3

Juillet 2021

La recherche innovatrice pour protéger
les droits relatifs à la vie privée

Vie privée en ligne : 36 heures pour trouver des solutions

Une séance de conception organisée par des jeunes permet de se pencher sur la manière de bâtir un avenir numérique qui protège la vie privée de chacun.



Lors d’une séance de conception de 36 heures, des étudiants tentent de trouver des solutions à des enjeux complexes relatifs à la protection de la vie privée.Source : Michael Zhang – Mach 1 Studios

À l’ère du numérique, où la technologie est omniprésente, on dit que les jeunes ont une conception différente de la protection de la vie privée. Constamment branchés et passant une grande partie de leur vie en ligne, certains pourraient soutenir qu’ils n’accordent pas autant d’importance à la protection de la vie privée que les générations précédentes. Citizen Hacks (en anglais seulement) ne voit pas les choses ainsi. Le groupe dirigé par des jeunes, dont l’objectif altruiste est que la prochaine génération d’innovateurs « participe activement aux efforts visant à bâtir un monde numérique qui convient à tous », voulait donner aux jeunes la chance d’examiner de plus près la question complexe de la protection de la vie privée. Alors qu’ils fréquentaient encore l’école secondaire, les membres du groupe ont décidé d’organiser une séance de conception, sous la forme d’un atelier participatif, afin de tenter de répondre à une question clé : « Comment pouvons-nous bâtir un avenir numérique qui protège la vie privée de chacun? » Pendant plus de 36 heures consécutives, les participants ont travaillé en équipe pour concevoir, élaborer et proposer des réponses à cette question. « Résultats réels » s’est entretenu avec le coorganisateur de l’activité, Benn McGregor, pour en savoir plus.

Comment vous est venue l’idée d’organiser une séance de conception sur la protection de la vie privée?

Nous étions trois à vouloir organiser une séance de conception sur la protection de la vie privée – deux de mes amis, Mio Yamanaka et Marcel O’Neil, et moi-même. À l’époque, nous étions à la toute fin du secondaire. [Tous trois sont maintenant étudiants en troisième année en génie logiciel à l’Université de Waterloo.] Nous étions motivés à agir lorsque Mme Ann CavoukianNote de bas de page 1 a offert de prendre la parole à notre école. Nous avons communiqué avec elle et nous lui avons demandé si elle souhaitait prendre la parole à un marathon de programmation si nous en organisions un, et elle a accepté. Marcel a découvert la possibilité de financement offerte par le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, alors nous avons présenté une demande.

À première vue, la protection de la vie privée ne semble pas être un sujet auquel de nombreux élèves du secondaire songeraient…

Nous voulions donner aux élèves la possibilité d’explorer une question très complexe. Nous avons été poussés par le souci de donner aux élèves l’occasion de concevoir non seulement une technologie emballante, mais aussi une technologie qui tient compte des répercussions réelles, en particulier sur la protection de la vie privée.

Qu’est-ce qui vous préoccupe au sujet de la vie privée?

Depuis cinq ans, il y a une sensibilisation accrue à ce sujet. Nous avons entendu parler du scandale de Cambridge Analytica, des pratiques des entreprises de médias sociaux qui portaient atteinte à la vie privée, ainsi que des moteurs de recherche qui recueillent des données personnelles dans le but de les vendre à des annonceurs. De nos jours, tout le monde a recours à la technologie, ce qui fait en sorte que la protection de la vie privée est une préoccupation encore plus grande. Toutefois, il n’existe pas encore de solutions précises. Les gens ne savent pas vraiment comment gérer la protection de la vie privée, et cela varie selon les contextes. Nous avons pensé qu’en tant qu’élèves – la prochaine génération qui concevra ces plateformes – nous devrions posséder ces habiletés en plus des connaissances techniques de base que l’on acquiert à l’université.

Pourquoi organiser une séance de conception?

Ces problèmes sont tous très complexes et il n’existe pas de solutions précises pour y remédier. Cependant, ces problèmes ont des répercussions bien réelles. L’organisation d’une séance de conception a été motivée en partie par le fait que nous devions acquérir les habiletés nécessaires pour faire face à ces difficultés très complexes. Pendant l’activité, nous avons offert des ateliers et des présentations en plus d’animer des groupes de discussion afin que les participants puissent acquérir certaines habiletés et apprendre différentes approches pour concevoir une technologie axée sur la protection de la vie privée.

On dit que les jeunes n’ont aucune notion de la vie privée, ou du moins qu’ils en ont une très différente de celle des générations précédentes. Êtes-vous d’accord avec cette affirmation?

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« Si le droit à la vie privée n’existait pas, les jeunes n’auraient pas la liberté d’explorer leur identité, d’interagir avec d’autres personnes, d’explorer différentes idées et d’essayer de créer de nouvelles choses ».

J’ai l’impression que les jeunes sont souvent considérés comme des personnes qui ne se soucient pas vraiment de la vie privée ou qui ont une conception différente de celle‑ci. Je ne suis toutefois pas d’accord. Si le droit à la vie privée n’existait pas, les jeunes n’auraient pas la liberté d’explorer leur identité, d’interagir avec d’autres personnes, d’explorer différentes idées et d’essayer de créer de nouvelles choses. De plus, lorsque vous savez que vos données sont recueillies et que vous êtes observés, cela a une incidence sur votre comportement. Sans la protection de la vie privée, les jeunes n’ont pas la chance de gagner en maturité d’une manière authentique.

Qui a participé à cette séance de conception?

Les participants étaient principalement des élèves du secondaire et des étudiants de l’université ayant un intérêt particulier pour le génie et l’informatique. Toutefois, nous voulions aussi attirer des élèves et des étudiants dans d’autres domaines comme le commerce, les arts et les sciences humaines, si bien que nous nous sommes retrouvés avec un groupe diversifié de participants. Des experts de la protection de la vie privée étaient aussi présents et ils ont partagé leurs connaissances. Le fait que le groupe était composé de participants de divers milieux nous a permis de recueillir différents points de vue. Cela est important, car un processus de conception plus inclusif contribuera également à établir un climat de confiance.

De quelle manière la confiance est-elle liée à la question de la protection de la vie privée?

La confiance est un élément très important de la protection de la vie privée. Les utilisateurs font confiance aux entreprises lorsqu’ils leur communiquent leurs renseignements personnels. Ils croient que les entreprises n’en tireront pas profit. Pour maintenir cette confiance, les entreprises doivent donc concevoir une technologie qui protège la vie privée des utilisateurs.

De quelle façon l’activité s’est‑elle déroulée?

Le fait de réunir tout le monde dans la même pièce (littéralement), de faire des ateliers et d’écouter les autres parler de leur projet a fait en sorte que l’activité était très interactive. De plus, en raison de la contrainte de temps, nous n’étions pas tenus de construire quelque chose, d’en faire une entreprise et de nous soucier de toutes ces préoccupations de la vie réelle. Tout se passait à un niveau très abstrait et se déroulait rapidement, car nous n’avions que 36 heures pour trouver une idée.

Quelles sont les répercussions possibles de ce projet sur la carrière de jeunes gens comme vous?

Il est très important d’être capable de concevoir des technologies de protection de la vie privée, car les entreprises recherchent de plus en plus cette compétence. En tant qu’étudiant à l’Université de Waterloo, j’alterne entre les études et le travail tous les quatre mois. Par exemple, mon dernier stage de travail a eu lieu dans une entreprise de jeux vidéo, mais nous devions tout de même parler du RGPD (Règlement général sur la protection des données de l’Union européenne) et réfléchir à la façon de recueillir des données de manière à protéger la vie privée des gens.

Dans un monde idéal, si vous travaillez dans une entreprise qui conçoit un produit quelconque, vous devez toujours vous demander de quelle manière le produit respecte les principes de protection de la vie privée et de protection de la vie privée dès la conception, afin que la protection de la vie privée soit prise en compte beaucoup plus tôt dans le processus de conception. Tout comme pour la conception d’une intelligence artificielle (IA) éthique et moins subjective, la vie privée doit être prise en compte dès la conception de la technologie, et non pas être considérée à la toute fin. Nous n’en sommes pas encore là, mais j’espère que Citizen Hacks a contribué à faire bouger un peu plus les choses pour la prochaine génération de développeurs et d’innovateurs.



Pour en savoir plus

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Projets gagnants

Les gagnantes Anne Chungand (deuxième à partir de la gauche) et Lena Nguyen (au milieu) prennent la pose avec Paige L. (à gauche), une représentante de Major League Hacking, et les organisateurs de l’activité Benn McGregor (deuxième à partir de la droite) et Marcel O’Neil (à droite).
Source: Michael Zhang – Mach 1 Studios

Les gagnantes Anne Chungand
(deuxième à partir de la gauche) et Lena Nguyen
(au milieu) prennent la pose avec Paige L. (à gauche),
une représentante de Major League Hacking, et les
organisateurs de l’activité Benn McGregor
(deuxième à partir de la droite) et
Marcel O’Neil (à droite).

Résumé de tous les projets présentés pendant la séance de conception, consultez la page (en anglais seulement).

Voici les projets gagnants :

  1. Safe.net (en anglais seulement) : Il s’agit d’une extension de navigateur pour les enfants qui bloque automatiquement les champs des formulaires destinés à recueillir des renseignements personnels afin que les enfants ne puissent pas communiquer par inadvertance leurs renseignements (ou ceux de leurs parents) à des sites Web aléatoires.
  2. Enclave (en anglais seulement) : Ce projet est fondé sur l’idée que les utilisateurs devraient « posséder » et « contrôler » leurs renseignements personnels. Il s’agit d’un mécanisme rendant les renseignements personnels accessibles aux organisations tout en permettant à l’utilisateur de conserver le contrôle. Les utilisateurs créent des fichiers enclave.yaml dans des emplacements de fichiers publics et privés et précisent les renseignements qu’ils souhaitent partager au moyen de paires de valeurs clés.
  3. PrivaSeeable (en anglais seulement) : Ce projet constitue une approche créative de la protection de la vie privée. Il s’agit d’une extension de navigateur qui modifie le texte à l’écran de manière à ce qu’il soit difficile à lire pour d’autres personnes que celle qui le lit, ce qui aide les gens à préserver leur vie privée dans les espaces publics.
  4. Starmixer (en anglais seulement) : Il s’agit d’un mélangeur pour la cryptomonnaie Stellar, lequel vous permet de mélanger vos Lumens à ceux d’autres personnes pour vous permettre d’effectuer des transactions plus privées.
  5. Translatebot (en anglais seulement) : Il s’agit d’un robot de recherche Keybase qui permet à toute personne de traduire de manière anonyme un texte dans une des 20 langues répertoriées.
  6. Whodis (en anglais seulement) : Ce projet constitue une application téléphonique qui s’exécute en arrière-plan et qui, lorsqu’un appel entrant est détecté, envoie une nouvelle notification qui avertit l’utilisateur de l’existence de renseignements supplémentaires sur le numéro entrant afin que celui‑ci puisse prendre une décision éclairée quant à la prise de l’appel.
  7. Bottom Line (en anglais seulement) : Il s’agit d’un outil servant à résumer les conditions d’utilisation sous la forme d’une extension Chrome, lequel permet d’effectuer des recherches dans les ententes sur les conditions d’utilisation et de trouver des mots clés et leur contexte afin d’en faire un résumé complet.
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Mobiliser les pirates informatiques : soutenir l’apprentissage

Lors d’une séance de conception de 36 heures, des étudiants tentent de trouver des solutions à des enjeux complexes relatifs à la protection de la vie privée.Source : Michael Zhang – Mach 1 Studios

En plus du discours prononcé par Mme Ann Cavoukian et des groupes de discussion sur la pensée éthique en matière de conception et l’IA, plusieurs ateliers ont été offerts tout au long de la séance de conception. Les sujets abordés allaient de l’apprentissage pratique à un apprentissage plus conceptuel :

  • Créer des produits qui respectent la vie privée pour des activités évolutives.
  • La Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques et la façon de transposer les concepts énoncés dans la Loi en idées de projet.
  • Technologies précises :
    • Robots de recherche Keybase;
    • Sécurité du système de noms de domaine (DNS);
    • Technologies d’amélioration de la protection de la vie privée pour Internet;
    • Cybersécurité offensive.
  • Les jeunes en tant qu’agents de changement pourla protection de la vie privée dès la conception.

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Avertissement : Le Programme des contributions du Commissariat finance des projets de recherche indépendants sur la protection de la vie privée et des initiatives d'application des connaissances. Les opinions exprimées par les experts dans la présente publication ne reflètent pas nécessairement celles du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada.

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