Communiqué
Cadillac Fairview a recueilli 5 millions d’images de visiteurs
Des renseignements biométriques de nature sensible étaient recueillis à l’insu des clients
Le 29 octobre 2020 – Une enquête des commissaires à la protection de la vie privée du Canada, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique a révélé que Cadillac Fairview, l’une des plus grandes entreprises immobilières commerciales en Amérique du Nord, avait intégré des caméras dans ses bornes d’orientation numériques à l’intérieur de 12 centres commerciaux au Canada et utilisé la technologie de reconnaissance faciale à l’insu de ses clients et sans leur consentement.
L’entreprise a déclaré que son objectif était de faire une analyse pour déterminer l’âge et le sexe des visiteurs et non d’identifier les individus. Cadillac Fairview a également affirmé que les visiteurs en avaient été informés au moyen d’autocollants, apposés sur les portes d’entrée des centres commerciaux, faisant référence à sa politique de confidentialité. Les commissaires ont toutefois jugé cette mesure insuffisante.
De plus, Cadillac Fairview a affirmé qu’elle n’avait pas recueilli de renseignements personnels, puisque les images saisies par caméra étaient brièvement analysées, puis supprimées. Cependant, les commissaires ont conclu que Cadillac Fairview avait effectivement recueilli des renseignements personnels, et avait enfreint les lois sur la protection des renseignements personnels en omettant d’obtenir un consentement valable au moment de recueillir les 5 millions d’images au moyen de petites caméras discrètes. Cadillac Fairview a également eu recours à l’analyse vidéo pour recueillir et analyser les renseignements biométriques de nature sensible des clients.
L’enquête a également révélé ce qui suit :
- un logiciel de reconnaissance faciale a été utilisé pour générer des renseignements personnels supplémentaires sur chaque visiteur, dont le sexe et l’âge estimé;
- bien que les images aient été supprimées, les enquêteurs ont constaté que les renseignements biométriques de nature sensible qui étaient générés à partir de ces images étaient stockés par un tiers dans une base de données centralisée;
- Cadillac Fairview a déclaré qu’elle ignorait l’existence de la base de données de renseignements biométriques, ce qui augmentait le risque d’utilisation potentielle par des parties non autorisées ou, en cas d’atteinte à la sécurité des données, par des individus malveillants.
« Les visiteurs n’avaient aucune raison de s’attendre à ce que leur image soit saisie par une caméra discrète ou qu’elle soit utilisée, au moyen de la technologie de reconnaissance faciale, à des fins d’analyse », a déclaré Daniel Therrien, commissaire à la protection de la vie privée du Canada. « L’absence de consentement valable était particulièrement préoccupante compte tenu de la nature sensible des données biométriques, qui sont une caractéristique unique et permanente de notre corps et un élément clé de notre identité. »
« Cette enquête révèle le manque de transparence de certaines pratiques commerciales entourant les renseignements personnels », a déclaré Jill Clayton, commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de l’Alberta. « Les organisations doivent non seulement indiquer clairement dès le départ que les renseignements personnels des clients sont recueillis, mais aussi disposer de mesures de contrôle adéquates leur permettant de savoir ce que leurs fournisseurs de services font en coulisses avec ces renseignements. »
« Les questions concernant le moment où une organisation recueille des renseignements personnels peuvent être complexes, mais notre conclusion sur les caméras dans les centres commerciaux était sans équivoque », a indiqué Michael McEvoy, commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de la Colombie-Britannique. « Des images d’individus ont été saisies et analysées d’une façon qui exige que ces derniers en soient avisés et qu’ils y consentent. »
Les organismes de réglementation ont lancé l’enquête à la suite de reportages dans les médias qui soulevaient des questions sur les pratiques de l’entreprise torontoise Cadillac Fairview.
À la suite de l’enquête, l’entreprise a retiré les caméras de ses bornes d’orientation numériques et n’a pas pour l’instant l’intention de réinstaller cette technologie. Elle a également supprimé tous les renseignements générés au moyen de la technologie d’analyse vidéo qui ne sont pas requis pour des fins de litiges éventuels et confirmé qu’elle ne conservera ni n’utilisera ces données à d’autres fins. Cela comprend les 5 millions de représentations biométriques de visages de visiteurs qu’elle avait conservées sans raison particulière.
Les trois commissaires à la protection de la vie privée ont recommandé que, si Cadillac Fairview compte utiliser cette technologie à l’avenir, elle devrait prendre des mesures pour obtenir un consentement explicite et valable avant de saisir et d’analyser les images faciales biométriques des visiteurs.
Les commissaires demeurent toutefois inquiets du fait que Cadillac Fairview ait refusé leur demande de s’engager à obtenir le consentement explicite et valable des visiteurs si elle décide de redéployer la technologie.
Documents connexes
Lignes directrices pour l’obtention d’un consentement valable du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada
Coordonnées
Commissariat à la protection de la vie privée du Canada
Communications@priv.gc.ca
Commissariat à l’information et à la protection de la vie privée de l’Alberta
ssibbald@oipc.ab.ca
Commissariat à l’information et à la protection de la vie privée de la Colombie-Britannique
mmitchell@oipc.bc.ca
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