Notre façon d’interagir avec nos appareils numériques a évolué au fil du temps : nous sommes passés de l’envoi de commandes données par une interface de ligne de commande à une interface graphique, puis aux interfaces tactiles. Les assistants virtuels sont la prochaine étape de cette évolution et ils présentent de nouveaux défis en matière de protection de la vie privée. Les assistants tels que Siri (Apple), Alexa (Amazon), Cortana (Microsoft) ou tout simplement « Google » sont conçus pour répondre aux questions orales ou écrites des utilisateurs et agir en conséquence. Certaines commandes vous permettent d’effectuer des appels, commander un service de transport, ajouter un rendez-vous au calendrier, jouer de la musique ou faire des achats.
L’utilisation de ces assistants est à la hausse : une étude de Gartner réalisée en 2015 a conclu que 38 % des Américains avaient utilisé un assistant virtuel en 2015 et que les deux tiers des consommateurs des marchés développés les utiliseraient quotidiennement en 2016. Les assistants virtuels les plus courants utilisent la voix; cependant, une grande partie de l’information présentée s’applique également aux assistants virtuels en mode texte.
Apprendre à vous connaître passivement ou activement
Les assistants virtuels accèdent à des renseignements passifs et actifs et les analyses pour fournir des services aux utilisateurs. Pour les entreprises qui comptent principalement sur les entrées de données passives, les assistants virtuels peuvent fonctionner sans intervention directe des utilisateurs. Pour les entrées de données actives, le fonctionnement est different.
L’analyse des données passives consiste à recueillir des données d’un utilisateur à partir de sources de données préexistantes ou en cours telles que des calendriers, des courriels, la géolocalisation ou l’historique du navigateur Web. Les résultats de ces analyses sont présentés à l’utilisateur si l’assistant les juge les plus utiles. Par exemple, le matin, on peut recevoir avec la météo du jour une note indiquant qu’il faudra plus de temps pour se rendre au rendez-vous pris en avant-midi (dans le calendrier) à partir des tendances météo (géolocalisation et services de météo) et de la circulation (cartes et habitudes de déplacement). De même, lors de la pause-café, une série d’articles peuvent être affichés en fonction des habitudes de navigation sur le Web et des intérêts présentés à l’assistant virtuel.
De son côté, l’analyse des données actives nécessite une demande vocale ou textuelle directe à l’assistant. Les assistants virtuels font appel à des éléments de base similaires pour le traitement des demandes actives : un mécanisme d’entrée (pour la voix ou le texte), un élément serveur pour le traitement de l’entrée en langage naturel et sa traduction en instructions utilisables par les machines, une couche de mise en œuvre des instructions et une interface de présentation des résultats à l’utilisateur (par la voix ou à l’écran). Les assistants virtuels qui utilisent la voix en mode actif sont souvent constamment à l’écoute, en attente d’un signal indiquant à l’assistant qu’il doit traiter une instruction. Les micros des appareils sur lesquels les assistants sont installés peuvent donc être toujours allumés et en attente de mots précis qui permettront d’enclencher le traitement d’un ensemble d’instructions.
Services améliorés et personnalisés
Les assistants virtuels formulent également des conclusions sur les intérêts d’un utilisateur. Ces conclusions sont fondées sur des hypothèses générales à leur sujet. L’assistant est configuré de manière à présumer certains éléments sur l’utilisateur qui pourraient ou non s’avérer exacts si ces hypothèses correspondent aux algorithmes utilisés par les assistants virtuels pour faire des suggestions. Par exemple, l’assistant pourrait présumer, en fonction de ce qu’il connaît ou devine au sujet de la situation financière ou de la mobilité physique d’une personne, que celle-ci a les moyens de prendre un taxi ou est capable de marcher jusqu’au prochain rendez-vous au calendrier dans un temps donné.
Les suggestions présentées par les assistants virtuels peuvent être plus ou moins pertinentes selon la qualité de leurs prédictions. De nombreux assistants virtuels améliorent leur précision ou leur utilité à l’aide de profils élaborés à partir, entre autres, de l’utilisation passée d’Internet, des achats, des comportements ou de l’emplacement d’un utilisateur.
Qui écoute? Qui lit?
En règle générale, les assistants virtuels utilisent l’infrastructure infonuagique pour confirmer le sens d’une requête. Un profil d’utilisateur peut être stocké localement ou sur le serveur d’une entreprise. Cela signifie que les renseignements du profil pourraient être à la disposition de personnes non autorisées même si rien ne prouve qu’un tiers a déjà extrait ou utilisé de manière inappropriée des renseignements contenus dans un profil stocké localement ou sur des serveurs infonuagiques.
IBM a désactivé et interdit l’utilisation d’assistants virtuels d’autres entreprises parce qu’elle s’inquiétait du fait que des données d’entreprise confidentielles pourraient être conservées sur des serveurs d’autres d’entreprises. De telles inquiétudes peuvent être accentuées par le fait que certaines entreprises qui offrent des services d’assistants virtuels fournissent des échantillons de requêtes d’utilisateurs à des services de transcription tiers. Même si de tels échantillons sont généralement séparés des données d’identification des utilisateurs, elles peuvent être révélatrices si une personne s’identifie elle-même ou divulgue des données d’identification à l’assistant virtuel.
Les méthodes de collecte des données audio peuvent occasionner une saisie de renseignements donnés par des personnes autres que l’utilisateur de l’appareil (p. ex. des conversations en arrière-plan pourraient être saisies). De plus, lorsque des données passives sont utilisées par un assistant virtuel, des renseignements d’autres personnes pourraient également être traités par l’assistant, notamment des communications ou des courriels personnels qui auraient dû demeurer privés. On peut également se poser des questions à l’égard des entreprises qui fournissent des copies des entrées et des réponses aux tiers en vue d’évaluer l’efficacité du traitement du langage naturel : nos renseignements personnels pourraient être transmis à des tiers inconnus.
Certaines entreprises dissocient l’identifiant d’un utilisateur de ses engagements passifs ou actifs avec un assistant virtuel après une période donnée, mais elles conservent les entrées à des fins de recherche. Comme les requêtes ou les présentations d’information peuvent elles-mêmes inclure des renseignements personnels, on peut se poser des questions sur la conservation des données, l’usage acceptable, la protection et les politiques de protection de l’anonymat.
Les usages potentiels des assistants virtuels sont de plus en plus nombreux, car des entreprises comme Apple et Google ont de plus en plus de partenaires qui peuvent tirer profit de l’assistant. Les assistants virtuels peuvent accéder à de l’information tenue dans une grande variété de services (p. ex. les calendriers ou le courriel), y compris des services auxquels il faut s’abonner (p. ex. Lyft, Open Table) afin d’obtenir de l’information. La quantité de renseignements accessibles continuera de croître au fur et à mesure que d’autres applications seront mises à jour pour prendre en charge les interactions avec ces assistants virtuels.