La vie privée, la surveillance et l’identité occupent une place de premier plan dans de nombreux romans de science-fiction. En fait, des listes complètes d’ouvrages de science-fiction portant sur le thème de la vie privée ont déjà été publiées.
Devant un choix aussi vaste, il a été difficile de restreindre notre liste. En outre, nous voulions y intégrer d’autres genres littéraires, notamment la fiction pour jeunes adultes (Little Brother), la fiction pour enfants (Harriet l’espionne [Harriet the Spy]) et la fiction historique (Le crime d’Ovide Plouffe).
Nous savons pertinemment que bien d’autres ouvrages de différents genres littéraires pourraient figurer sur la liste – nous vous invitons à parcourir notre liste et à nous faire part de vos préférences dans la section « Commentaires » ci‑après.
- Cycle de Fondation (Foundations), d’Isaac Asimov : Cette série de sept volumes est articulée autour du concept de la « sociologie mathématique », selon laquelle il est possible de prévoir le comportement d’une masse de personnes si elles sont très nombreuses.
- Terre (Earth), de David Brin : Le roman de David Brin aborde de nombreux thèmes liés à la technologie et à la surveillance qu’il approfondira plus tard dans La Société Transparente (The Transparent Society). Terre, publié en 1990, se distingue aussi par le fait qu’il prédisait plusieurs technologies devenues ultérieurement d’usage courant : le Web, les pourriels et les caméras montées sur des lunettes.
- Substance mort (A Scanner Darkly), de Philip K. Dick : Nous avons retenu l’adaptation cinématographique de ce livre dans notre palmarès des dix meilleurs films. Substance mort offre une critique intéressante des enquêtes des forces de l’ordre et de la technologie connexe.
- Little Brother, de Cory Doctorow : À la suite d’une situation semblable à celle du 11 septembre, les citoyens font l’objet d’une surveillance extrême et leurs renseignements sont scrutés par le gouvernement. Little Brother propose une excellente analyse des effets d’une société de surveillance. La suite, intitulée Homeland, vient d’être publiée en format relié.
- Blind Faith, de Ben Elton : Dans cette satire sur fond de société dystopique, la fascination humaine pour l’échange d’information nous concernant avec d’autres personnes est poussée à l’extrême.
- Harriet l’espionne (Harriet the Spy), de Louise Fitzhugh : Le journal intime d’une jeune fille est perdu puis retrouvé, et beaucoup de choses sont révélées en cours de route. Cet ouvrage pour jeunes adultes portant sur la collecte de renseignements montre les effets de l’information sur la personne qui la recueille et sur celles dont les renseignements sont recueillis, de même que les répercussions de la transparence par rapport à la surveillance furtive.
- Whole Wide World, de Paul McAuley : Cet ouvrage offre une critique des contre‑mesures utilisées au Royaume-Uni après une guerre de l’information. L’auteur examine une société fondée sur un usage constant de la télévision en circuit fermé, où l’information est synonyme de pouvoir et le maintien de l’ordre est omniprésent et envahissant.
- 1984, de George Orwell : Dans le roman dystopique par excellence sur le totalitarisme et le contrôle de l’information, un monde futur caractérisé par des conflits permanents, une surveillance omniprésente et un État Grand Frère (Big Brother) qui utilise la propagande et le contrôle de l’esprit pour créer la société souhaitée.
- The Blue Light Project, de Timothy Taylor : L’auteur canadien Timothy Taylor explore le thème de la surveillance omniprésente dans son roman, qui traite d’une prise d’otages télévisée mettant en présence un journaliste raté et un ancien militaire qui tentent de comprendre et de renverser le système.
- Le meilleur des mondes (Brave New World), d’Aldous Huxley : Considéré comme l’un des meilleurs romans du XXe siècle, Le meilleur des mondes est souvent comparé à 1984 de George Orwell (ci-après). Une caractéristique fondamentale qui distingue la société dystopique de Huxley tient au fait que les citoyens sont soumis à une manipulation psychologique et à un conditionnement comportemental. Huxley craignait que notre société moderne au rythme de plus en plus rapide ne marque la fin de l’identité individuelle.
- Le crime d’Ovide Plouffe, de Roger Lemelin : Dans cette version romancée d’une histoire vraie, une infidélité mène à un voyage en famille au cours duquel un avion explose. Ovide Plouffe est un suspect dans ce roman qui examine les éléments de preuve et les hypothèses et leur recoupement avec l’humanité et l’application de la loi.
- La jalousie, d’Alain Robbe-Grillet : L’histoire est racontée du point de vue d’un narrateur invisible, en l’occurrence un mari jaloux qui soupçonne sa femme d’infidélité. Par l’intermédiaire du narrateur, Robbe-Grillet examine les effets de la surveillance et de l’analyse de données sur l’information et la perception de la réalité.
Enfin, notre liste ne serait pas complète si nous omettions de mentionner deux auteurs prolifiques dont les ouvrages affermissent leur réputation de « parrains » de la littérature portant sur la vie privée, la technologie et la surveillance :
William Gibson : L’œuvre de Gibson a toujours abordé les thèmes de la technologie, de la vie privée, de la surveillance et de la sécurité. Dans la Trilogie de la Conurb (The Sprawl) (Neuromancien [Neuromancer], Comte Zéro [Count Zero] et Mona Lisa s’éclate [Mona Lisa Overdrive]), ces thèmes sont explorés du point de vue de l’intelligence artificielle et du cyberespace. La Trilogie du pont (Bridge Trilogy) (Lumière virtuelle [Virtual Light], Idoru et All Tomorrow’s Parties) examine les niveaux de recoupement technologique et social, mais selon une plateforme fondée sur la manipulation des médias de masse. Enfin, la trilogie Blue Ant (Reconnaissance des schémas [Pattern Recognition], Code source [Spook Country] et Histoire zéro [Zero History]) examine, dans un contexte plus contemporain, les questions de l’image de marque, du suivi comportemental et géographique, de l’identification par radiofréquence (IRF), des communications Internet et des technologies mobiles.
Neal Stephenson : Comme pour Gibson, il est impossible de ne retenir qu’un seul ouvrage de Stephenson. L’Accident de neige met l’accent sur un monde futuriste organisé et géré par Big Data (Mégadonnées). L’âge de diamant (The Diamond Age) examine le rôle de l’accès et de l’information dans le maintien et la perturbation des classes et de la culture, tandis que Cryptonomicon et les ouvrages qui l’ont précédé (Le Cycle Baroque) présentent une réflexion sur le droit à la vie privée, la circulation mondiale des données et l’histoire moderne de l’informatique et de la cryptographie.