Jusqu’à quel point au juste les utilisateurs sont-ils d’accord qu’on se serve de leurs renseignements et de leurs habitudes de navigation en ligne pour mesurer leur comportement et leur passer des annonces?
Un sondage mené auprès de répondants canadiens par TNS Facts et dont a fait rapport l’Association canadienne du marketing signale qu’un grand nombre de Canadiens et d’Américains (69 % et 67 %, respectivement) sont conscients que des tiers pourraient recueillir des données sur leurs comportements en ligne à des fins publicitaires.
Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils sont à l’aise avec cette pratique. Le même sondage permet d’affirmer que seulement 33 % des Canadiennes et Canadiens qui sont membres d’un site sont à l’aise avec l’idée que ce site pourrait utiliser des renseignements relatifs à leur navigation pour améliorer leur expérience sur le site. Toujours selon ce rapport, la proportion d’utilisateurs étant d’accord avec l’utilisation de l’historique de navigation pour cibler des messages publicitaires ne varie pas entre le grand public, les tenants de la vie privée et les membres d’un site.
Et combien de renseignements les utilisateurs sont-ils prêts à fournir de manière consciente pour accéder à des services, à du contenu supplémentaire ou pour courir la chance de gagner un prix?
Un sondage mené auprès de 1 800 visiteurs du site coolsavings.com, un site appartenant à Q Interactive consacré aux coupons et autres rabais, aurait permis de déterminer que les utilisateurs du Web sont enclins à recevoir des services et des renseignements gratuits en ligne en échange de l’utilisation de leurs données à des fins de publicité ciblée.
Selon moi, les visiteurs de sites comme coolsavings.com — qui recherchent activement des offres et des avantages en ligne — seraient prédisposés à croire que des sites Web sont en mesure de leur offrir du contenu utile et des annonces pertinentes.
Cela étant dit, Mediapost, qui a eu accès à tous les détails du sondage mené par Q Interactive, met un bémol : selon Mediapost, les utilisateurs freinent leurs ardeurs quand on leur demande de préciser le type de renseignements qu’ils sont prêts à fournir. Le sondage a réfélé que 77,8 % des gens sont prêts à donner leur code postal, 64,9 %, leur âge et 72,3 %, leur sexe, mais seulement 22,4 % ont dit qu’ils étaient prêts à révéler les sites Web qu’ils ont consultés et seulement 12,0 % et 12,1 %, respectivement, étaient prêts à partager leurs historiques d’achats ou de recherches.
Les enquêtes de TNS Facts–ACM et de Q Interactive semblent démontrer toutes deux que les utilisateurs sont prêts à prendre la décision délibérée de partager des renseignements à leur propre sujet, surtout avec des sites auxquels ils font confiance et avec lesquels ils ont déjà établi des rapports.
Ce qui est le plus choquant pour les défenseurs du droit à la vie privée, c’est de voir l’aisance avec laquelle on partage son code postal, son âge et son sexe — trois données qui peuvent effectivement identifier des personnes lorsqu’elles sont mises en commun. (Kim Cameron a fait valoir ce point et des universitaires de l’Université de Calgary ont démontré la précision avec laquelle on peut déterminer une adresse à partir du code postal.)
Il est vrai que des utilisateurs pourraient être prêts à fournir des renseignements parce qu’ils ont la ferme intention de mentir. Dans un sondage mené par le Commissariat en 2007, 13 % des Canadiennes et Canadiens ont signalé qu’ils avaient sciemment donné des renseignements erronés à un détaillant qui leur en avait demandé — et il s’agissait alors de transactions menées en personne. Nous pouvons tenir pour acquis qu’il est beaucoup plus facile de mentir quand on entre des données sur un formulaire en ligne.
Il est encourageant de lire que les répondants hésitent à permettre à des sites ou à des services de partager des renseignements précis sur leurs achats ou leurs habitudes de recherche.
Une constante semble se dégager de tout cela : les consommateurs voient un avantage à fournir des données précises qui permettront de cibler des renseignements qui correspondent à leurs besoins, mais ils sont moins à l’aise avec l’idée que leurs comportements antérieurs servent à faire des inférences au sujet de leurs préférences individuelles.
Ils considèrent peut-être que leurs habitudes de recherche et de navigation pourraient avoir un impact plus important sur leur vie personnelle et professionnelle que la redistribution restreinte de renseignements personnels de base par des sites auxquels ils font confiance. Surtout si leurs habitudes pourraient être considérées comme étant inappropriées, voire obscènes.