Au cours de la dernière semaine, il y a eu moults débats parmi les défenseurs de vie privée portant sur les commentaires d’un haut fonctionnaire américain à une conférence en octobre. Un segment de ce discours est disponible ci-dessous.
Donald Kerr, directeur adjoint principal pour le renseignement national, Symposium GEOINT 2007, 23 octobre 2007, San Antonio:
Au travail et dans mes activités quotidiennes, la sécurité consiste en la sûreté : un obstacle aux dommages physiques ou émotionnels. Quand je rentre à la maison le soir, la sécurité consiste en la protection de ma vie privée : être libéré de tout fardeau inutile. La communauté du renseignement a le devoir de protéger à la fois la sûreté et la vie privée…
La protection de la vie privée est cause de préoccupation. Nous associons trop souvent la protection de la vie privée à l’anonymat; ce concept est profondément enraciné dans la culture américaine. Le Lone Ranger portait un masque, mais Tonto, lui, ne semblait pas en avoir besoin bien qu’il s’acquittât du sale boulot sans rétribution. D’aucuns croiraient qu’un masque lui eût été d’autant plus nécessaire. Dans le monde interconnecté et sans fil qu’est le nôtre, l’anonymat – ou l’illusion d’anonymat – tombe rapidement aux oubliettes…
L’anonymat résulte du manque de caractéristiques d’identification. Aujourd’hui, la quantité de données corrélées recueillies et disponibles – et je ne m’en tiens qu’aux profils sur MySpace, Facebook et YouTube – fait en sorte que l’ensemble de caractéristiques d’identification a pris des proportions qui dépassent l’entendement de la plupart d’entre nous. Il nous faut aller au-delà de l’adéquation anonymat/protection de la vie privée et nous concentrer davantage sur des modes de protection de la vie privée considérée comme essentielle dans cet environnement interconnecté .
Protéger l’anonymat est un combat perdu d’avance. Quiconque a déjà fait une recherche de son nom sur Google comprend cette situation. J’avancerais pour ma part que la protection de la vie privée est un système de lois, règlements, et habitudes dont l’infrastructure est constituée d’inspecteurs généraux, de comités de surveillance et de commissions de la protection de la vie privée et que l’engagement de la communauté du renseignement se fonde sur cette infrastructure et est évaluée à partir d’elle. Nous devons cultiver, alimenter et ajuster ce cadre au gré des changements culturels.
Je crois que les gens ici présents (au Symposium GEOINT 2007), ou du moins, ceux et celles qui ont à peu près le même âge que moi, reconnaissent que les deux générations qui nous succèdent conçoivent de façon très différente ce qu’est la vie privée essentielle, soit les éléments de leur vie et de leurs affaires qu’ils souhaiteraient protéger. Il ne nous revient donc pas d’imposer un modèle universel. Il est nécessaire que le modèle puisse s’ajuster aux besoins des sociétés locales de notre pays, ainsi qu’à leur évolution. Ne reste qu’à espérer qu’éventuellement, les perceptions des gens – à Hollywood et ailleurs – s’y rallieront.
Notre travail consiste à lancer un débat fructueux qui intègre la protection de la vie privée dans les niveaux adéquats de sécurité et de sûreté publique.